Chuck Schuldiner Project

Wednesday, May 27, 2015

Interview avec Birds in Row

A l’issue du superbe concert célébrant les 5 ans d’existence du label  Throatruiner, j’ai eu la chance de pouvoir caler un entretien avec le groupe Birds in Row pour parler de leur passé avec Throatruiner, leur philosophie ainsi que leur point de vue sur la scène musicale française et l’industrie du disque.

- Vous voilà à Paris pour le Throatruiner Fest. Pour commencer, pourriez-vous parler de votre relation avec le label Throatruiner et Matthias Jungbluth et comment vous avez été amenés à signer sur son label ?
Alors en fait on est plus signés sur Throatruiner en France, simplement il continue de sortir les trucs qu'il a sorti avant. A présent c'est Deathwish qui s'occupe de la distribution de nos disques. Cependant, avec Throatruiner on a toujours eu une grosse attache avec eux parce que c'est avant tout un ami en fait, un ami qu'on a rencontré en tournant et en jouant ensemble. Il a sorti l'un de nos premiers EPs et également notre compilation Collected. Et du coup quand on a besoin de remplacer les Collected, c'est lui qui continue à le faire, parce que même si on est sur Deathwish maintenant, on aime bien que nos potes continuent à bénéficier.
Pour revenir à nos débuts avec Throatruiner, on a commencé Birds in Row il y'a 6 ans maintenant et au début on faisait plus des concerts isolés que de tournées. Il y a eu un moment où on devait faire 3 dates avec Pigeon, le groupe de Matthias de l'époque. Le jour du troisième concert, on avait tout chargé dans le bar et lorsqu'on a commencé à faire les balances, le mec nous a dégagé en disant "ça va être trop fort, cassez-vous, je ne veux pas vous voir". Du coup on s'est retrouvés avec le concert annulé au dernier moment. On a appelé des potes à droite et à gauche, des squats... on a essayé de rebooker le concert à la dernière minute. Il se trouvait qu'on avait un pote qui avait une ferme en plein milieu de la campagne qui nous a proposé de jouer dans sa cuisine, et du coup on l'a fait. Au dernier moment on a envoyé des MMS avec un flyer sur un morceau de papier... et au final on a eu 40 à 50 personnes en tout qui sont venus en plein milieu de la campagne en Mayenne. Il faut se dire que les gens ont du faire 20-30 minutes de routes quoi.
Du coup Matthias, qui commençait à peine son label, (il avait dû sortir un seul disque, Quartier Rouge), se disait "Putain, ces mecs, on ne les connaît pas, ils jouent avec nous et même quand le truc s'annule ils continuent quand même à essayer de jouer le concert". Il n'y avait aucun enjeu financier, c'était juste pour jouer quoi. Ca a créé un truc autour du concept du punk, du DIY... On a trouvé qu'on avait vraiment la même mentalité, c'était "la musique d'abord", il fallait servir les groupes...
Du coup au fur et à mesure, on discutait de son label, et Matthias a toujours eu une politique de ne pas sortir les disques de ses potes, parce qu'il ne voulait pas mélanger son business avec ses potes pour éviter certains conflits. Il se trouvait qu'à ce moment-là, on voulait sortir un EP qui s'appelait Cottbus et As We Draw sortait leur 1er album Lines breaking circles. Du coup on a envoyé les 2 à Matthias au cas où, et il a tellement kiffé qu'il a décidé de briser sa règle et il nous a sortis bien que nous soyons potes. Il l'a fait, et il a fait un travail de communication de gros bourrin. C'est à dire que pour son groupe il avait préparé des listes de blogs, de webzines ... une liste de 5000 blogs, un truc très conséquent ... et comme son groupe avait splitté juste au moment où nous voulions sortir nos trucs, il a utilisé cette liste là pour son label. Ca a fait que ça nous a poussés au cul et ça nous a fait une promotion incroyable. Ça nous a mis en avant. Tout ça grâce à lui. Si on est sur Deathwish Inc, c'est en grosse partie grâce à lui, parce qu'il nous a mis devant sur internet. Il nous a vraiment aidés à mettre la lumière sur nous.

- Comment êtes-vous entrés en contact avec Deathwish Inc.?
C'est Deathwish qui nous ont contactés en fait. Si tu veux, ce genre de label là, tu ne peux pas simplement leur envoyer une démo. Ils reçoivent tellement de démos qu'ils ne peuvent pas les écouter. C'est eux qui, si ils entendent parler d'un groupe et qu'ils aiment bien, ils essayeront de rentrer en contact avec eux. C'est ce qui s'est passé avec nous en gros. Jacob de Converge a entendu parler de nous sur un blog, en téléchargeant de la musique comme tout le monde. En même temps aussi t’as Trey, le deuxième cofondateur de Deathwish Inc, qui a entendu parler de nous par Jeremy de Touche Amore, qui lui a filé notre démo alors qu'on ne se connaissait pas. C'est tellement un gros amateur de musique que dès qu'il peut rencarder des gens avec des groupes, il le fait. Au final Trey et Jacob ont fini par se rencontrer et ont parlé de nous et donc ils ont essayé de nous contacter. Ne trouvant pas notre adresse mail, ils ont contacté Throatruiner en lui demandant de nous contacter pour dire qu'ils aimeraient travailler avec nous.  Sachant que Deathwish, pour nous, c'est le meilleur label au monde dans ce style là... Par exemple on s’est rendus compte que la majeure partie des groupes qu’écoutait étaient sur Deathwish. Pour Matthias c'est pareil, c'est un énorme fan de Deathwish par rapport à Converge, par rapport à la démarche du label... Pendant un moment on croyait vraiment que c'était une blague. C'est comme ça qu'on est passé de Throatruiner à Deathwish Inc et qu'on s'est rendus compte que c'était exactement la même chose. C'est ça qui est cool. C'est pour ça qu'on est encore en très bon termes avec Matthias, parce que c'est exactement le même monde, c'est jusqu'il y a un label qui est un peu plus visible que l'autre. Quelque part c'est un peu mieux pour nous du coup, et lui il comprend bien. Il sait très bien de toute façon que la visibilité qu'on va avoir on va essayer de lui en rapporter un peu, en sortant des trucs avec lui aussi. On devrait sortir un split bientôt qui va être sur Throatruiner pour pouvoir ramener aussi un peu de cette visibilité qu'on a pour son label, même s’il n’en a pas forcément beaucoup besoin maintenant.
L'idée c'est qu'on va essayer de faire une série de splits pour rapporter un peu de visibilité à des gens qu'on aime bien, qui nous ont aidés avant Deathwish.
- Vous êtes plus venus au Throatruiner Fest en tant que vieux potes du coup.
Voilà, et puis ils continuent à represser Collected, qui est notre collection de tous nos premiers morceaux. Il n'y a pas de "signature" dans ce milieu, il n'y a pas de contrat. On ne peut pas vraiment dire qu'on est "signés" chez Throatruiner, mais on est affiliés au label parce que ça a été l'une de ses meilleures sorties aussi.

- C'est votre histoire commune quoi.
Voilà. De la même manière qu'on est très proches d'As We Draw, maintenant encore plus parce que Quentin joue de la basse dans notre groupe. Il y a aussi le fait que le batteur d'As We Draw, Amaury Sauvé, a tout enregistré pour nous depuis le début du groupe en fait.

- Est-ce que vous pourriez justement nous parler de votre rapport avec Amaury Sauvé justement, qui enregistre notamment la grande majorité des groupes chez Throatruiner en France.
D'abord il faut comprendre qu'on vient d'une petite ville. Laval, c'est 50 000 habitants. Autant te dire que les concerts de hardcore, il n'y en a pas. La musique amplifiée actuelle comme le métal, il n'y en a pas beaucoup. Du coup on s'est tous retrouvés à faire de la musique au même moment et à faire des groupes au même moment. Notre batteur Timothee faisait déja un groupe avec Amaury et Quentin d'As We Draw. Notre ancien bassiste a fait un groupe avec eux avant de jouer avec nous. C'est très consanguin quoi. Du coup on se connait tous. Quand on a commencé Birds in Row, ça s'est fait très vite, et Amaury voulait plus ou moins commencer à enregistrer. Il nous a proposé d'enregistrer notre 1ère chanson, "Phoenix". Il l'a fait, puis on a fait un EP, donc on lui a fait enregistrer celui-là aussi, et au fur et à mesure du coup il en a fait son métier. Aujourd'hui c'est l'un des meilleurs que je connaisse en France dans ce style de musique là, et ce n’est pas étonnant du coup que tu retrouves tous les gens chez Throatruiner qui vont enregistrer avec lui. C'est clairement quelqu'un d'extrêmement doué dans ce qu'il fait.

- On pourrait peut-être même parler du Kurt Ballou Francais quoi.
C'est un peu ca ouais. C'est marrant parce qu'il y a beaucoup de gens qui font cette comparaison. Ce n’est pas faux parce que d'un côté t'as Kurt Ballou qui est très affilié à Deathwish avec Converge, et d'un autre côté c'est un peu pareil entre Amaury et Throatruiner, par son groupe et son travail. As We Draw ce sont nos meilleurs potes. On a tourné plusieurs fois ensemble. On passe notre vie ensemble à Laval à discuter, sortir... Du coup c'est juste logique de bosser avec des potes; on a toujours eu cette démarche-là, encore plus quand ils sont doués comme Amaury. Quoi qu'on fasse, on sait qu'on peut avoir confiance en lui à 300%.

- Pour en venir à votre politique concernant votre merch: votre merch est vendu à prix libre, et d'après ce que j'ai cru comprendre c'est vous qui vous chargez de sa production.
Ce n'est plus le cas maintenant, mais jusqu'à maintenant oui, tu as raison. Quand on a commencé le groupe, c'était quelque chose d'important pour nous. Ce n'est pas une critique des autres groupes ou quoi que ce soit, c'est plus un choix et un point de vue personnel, mais nous avions beaucoup de mal à se dire qu'on allait vendre un truc qu’on n’a pas produit. Par exemple si on reçoit un disque d'usine et on le vend tel quel, on devient juste des marchands en quelque sorte. Même si c'est ta musique, il y a un truc bizarre. Du coup depuis le début on s'est dit qu'on allait faire de la sérigraphie. On a acheté du matériel de sérigraphie, on faisait des trucs dégueulasses, mais c'était fait par nous-mêmes. On a fait les pochettes nous-mêmes; on les a coupées, pliées, collées... les 500 exemplaires des trucs qu'on a faits, on les a faits à chaque fois à la main. On a sérigraphie des CDs, des Vinyles, on a fait nos T-shirts qui étaient d'une qualité horrible, mais au moins ils étaient faits maison.
Du coup l'histoire du prix libre c'est exactement la même démarche. On n’est pas là pour vendre des t-shirts; pour vendre des disques déjà un petit peu plus, mais nous on est là pour jouer de la musique en fait, simplement parce qu'on a des trucs à dire. S'il y a 3 personnes dans la salle ou 300 c'est exactement pareil pour nous. On a besoin de sortir des trucs. C'est une façon d'exorciser des trucs, et si ça parle au gens tant mieux. La base, c'est la musique et pas du tout le côté financier. Après, on est bien obligés de vendre des t-shirts parce qu'il faut payer l'essence, le camion ... mais si on pouvait s'en passer, on le ferait volontiers. Du coup on est arrivés à un moment où on se disait d'un côté qu'il fallait bien vendre des disques et des t-shirts, mais que ça nous faisait chier de les mettre à 10 ou 12 euros et avoir un code mercantile comme ça. On s'est demandé "Pourquoi on vend des t-shirts?" parce qu'on a besoin d'argent pour le camion, donc quelque part c'est une donation que les gens font auprès du groupe. Et du coup on s'est demandé pourquoi on ne leur laisserait pas l'opportunité de choisir la donation qu'ils veulent faire. Après, il faut être raisonnable : si on nous donne 2 euros pour un Vinyle, on dit aux gens que là pour le coup ce seraient nous qui leur donnerions de l'argent et que ça ne peut pas fonctionner. Il y a donc une espèce d'échange sur l'intérêt du merch justement dans ce genre de musique, puisque c'est un genre de musique qui est assez anti-commerciale, anti-mercantile etc... Le merch a une place un peu bizarre. Donc du coup ça permet de discuter avec les gens à propos de ça, et en fait tu te rends compte que les gens sont ultra généreux parce qu'ils comprennent que la démarche ne consiste pas du tout à encaisser à tout prix pouvoir se payer des trucs, mais qu'on le fait parce qu'on en a vraiment besoin. On n'a pas de merch en ligne à part sur Deathwish parce que ça fait partie de leur propre fonctionnement, mais nous on n'a pas de site internet en ligne parce qu'on n'est pas une marque de fringues. Du coup les gens respectent ca à fond et ça marche super bien comme ça donc on n'a pas à se plaindre. Ca a inspiré 2-3 gens aussi autour à priori, il y a d'autre groupes qui font ça et je trouve ça super cool parce que c'est une très bonne démarche.

- En parlant de ça, quel est votre point de vue sur l'état actuel de l'industrie du disque en tant que musiciens qui gardent un esprit DIY tout en veillant à rester rentable financièrement?
La crise de l'industrie du disque n'arrive que dans les milieux mainstream. Ça n'arrive que chez Sony et autres parce qu'à force de vendre de la merde aux gens, à force de leur vendre un single avec 10 autres chansons qui sont pourries sur un disque et qu'ils te vendent ça 15 euros, les gens en ont ras-le-cul et iront plutôt s'acheter de la bouffe plutôt que de se ruiner pour un disque. Nous, la musique qu'on fait, c'est de la musique de passionnés; c'est-à-dire que le mec qui est en train de me regarder dans le public a un groupe, donc si ça se trouve demain c'est nous qui iront le regarder quand il sera sur scène ou alors il va organiser notre concert, il va avoir une distro où il va vendre des disques pour propager cette culture... Ce sont vraiment 2 mondes à part. La crise du disque, ce n’est pas qu'elle n'existe pas dans le milieu DIY mais en fait on ne la ressent quasiment pas. Finalement, nous on vend beaucoup de disques pour un groupe de notre taille. On a vendu plus de 4000 exemplaires de You, Me and the Violence, ce qui est beaucoup quand même. Nos premier EPs, on les avait vendus à plus de 1000 exemplaires... c'est énorme pour un groupe de notre taille, surtout quand tu sais qu'on vient de Laval en Mayenne. Au-delà de ça, on en a rien à branler que les gens achètent nos disques ou non en fait, du moment qu'ils l'écoutent. On ne prend pas beaucoup soin de notre site du coup c'est moins vrai mais à la base tout est en téléchargement gratuit sur notre site internet, parce que l'important c'est que les gens écoutent. Si quelqu'un aime bien, nous les premiers, ils iront acheter le disque. Il y a un côté collectionneur, un côté "supporter le groupe" entre autres qu'il n'y a pas dans le milieu mainstream qui est bourré d'intermédiaires, de distributeurs qui se font des marges... Il faut savoir qu'un artiste qui sort un truc chez Sony touche un huitième du prix de vente, donc ce n'est même pas lui qui touche la majeure partie du chiffre; c'est le distributeur, le label, tous les intermédiaires de merde qui pourrissent l'intérêt de la musique. En fait l'industrie du disque se porte très bien pour nous, elle se porte largement assez bien pour qu'on puisse payer l'essence. On n’a pas à se plaindre.

- Est-ce que vous pourriez nous parler de votre logo (qu'on voit notamment sur la pochette de la compilation Collected)? Est-ce qu’il y a une signification particulière derrière ce symbole?
En fait c'est le logo qu'on a depuis le début du groupe. Dès qu'on a commencé le groupe on voulait avoir un logo, une base graphique forte qu'on peut mettre sur plein de supports. On s'est concertés tous ensemble pour créer ce logo. En fait il est relié à notre nom: Bird in Row, qui devrait être "Birds in a row" normalement (on a viré le "a"). On est des oiseaux en rang en gros. C'est juste histoire de dire qu'on est dans une société où tu peux très bien choisir d'être libre, de tout lâcher et vivre comme un paria et vivre heureux mais t'as toujours la pression sociale qui fait que tu vas toujours finir par aller avec tes pairs, à t'asseoir à la même table que les gens. C’est comme les oiseaux, qui pourraient bien voler tous seuls, mais qui finissent toujours par voler ensemble, en formation.

En gros le V, la formation des oiseaux qui volent ensemble, c'est ce qu'il y a en bas du logo. Ce V casse un cercle, qui est considéré comme la "forme parfaite", la perfection, qui représente pour nous tout ce qui est bonheur, accomplissement etc... Ce V, qui représente tout ce qui est pression sociale, casse cette perfection-là. Et puis les 3 points au-dessus représentent nous, puisqu'on est 3. Quand on a créé le groupe le chiffre 3 revenait beaucoup en fait.

- En ce qui concerne le hardcore en France, dans quel sens avez-vous vu évoluer la scène depuis le début de vos carrières musicales?
On ne sait pas trop. C'est déjà un peu dur de parler de "scène". On se connait tous, il n'y a pas de truc "établi", structuré. On est tous potes, tout simplement. Par exemple si on veut jouer à Toulouse, Montpelier ou à Paris on sait à qui demander. C'est un réseau mais ce n'est pas quelque chose de structuré, donc je ne sais pas si on peut vraiment parler d'une scène. C'est dur de définir ce que c'est.
Après, la réalité en France, c'est qu'on a énormément de très bons groupes comme t'as pu le voir ce soir, des groupes qui mériteraient d'avoir au moins la même visibilité que nous, voire plus. Mais il y a un truc qui fait qu'en France on ne tourne pas. Il a beaucoup de groupes qui croient que ce n’est pas possible ou qui ne cherchent pas forcément la même chose que nous quand on a commencé à tourner. Voyager, quitte à dormir par terre tous les soirs... il y a des contraintes que certains groupes ne sont peut-être pas prêts à avoir. Du coup il y a cette ambiguïté entre la qualité des groupes et la reconnaissance internationale. Il y a peu de gens qui connaissent les groupes français, et c'est là où Throatruiner a énormément d'importance, parce qu'il prend toute cette "scène" là pour essayer de la mettre en l'avant sur la scène internationale. C'est ce qui fait qu'il y a des groupes comme As We Draw qui vendent très bien des disques alors qu'ils n'ont pas beaucoup tourné en fait. T'as la "scène hardcore" à proprement parler, on ne sait pas si elle existe encore vraiment, en ce qui concerne la scène post-hardcore, black metal etc. il y a une grosse ébulition.

- On dit dit souvent que la scène post-hardcore est même "surchargée".
Il y a un peu de ca mais ça ne veut pas dire grand-chose finalement. Tant qu'il y a des bons groupes, chacun y amène un truc, ce qui fait que les générations d'après auront tellement d'influences sur lesquels se baser qu'ils créeront des trucs super intéressants. Il vaut qu'il y ait trop de groupes que pas assez.

- Votre album You, me and the Violence est sorti il y a maintenant 3 ans. Qu'y a-t-il de prévu pour la suite de Birds in Row?
Donc là on a changé de bassiste cet été, ce qui fait qu'on a eu un changement de plan. On devait sortir un album mais au final on a enregistré un EP qui devrait sortir chez Deathwish cet été ou un peu plus tard peut être. Ensuite on va sortir une série de splits dont le but va être de travailler avec des gens qui nous ont toujours aidé; des petits labels, des groupes avec qui on a tourné... Des gens qui ont toujours été là pour nous même avant Deathwish. C'est une forme de reconnaissance, de la même facon que dans l'album on avait mis un poster avec des gens qu'on avait croisés en tournée, des photos d'amis qui nous ont toujours soutenus. On n'oublie pas qu'avant il y avait Throatruiner, il y avait Alerta Antifacista ou encore Jeremy de Touche Amore qui nous ont aidés...
Du coup on va sortir ces splits EP au fur et à mesure pour montrer notre reconnaissance, le temps de préparer un album à proprement parler.

- Pour clôturer notre interview: est-ce que vous pourriez nous citer certains de vos albums, vos films et de vos livres préférés?
J'ai un milliard de groupes cultes. Là on vient de tourner avec Modern Life is War, qui est tout simplement un des groupes qui nous ont fait faire du Hardcore. Du coup on va dire Witness de Modern Life is War.
A côté de ça t'as aussi You Fail Me de Converge ou encore le dernier album d'As We Draw, Mirages, qui est tout simplement un monument.
T'as aussi le dernier album de Plebeian Grandstand aussi Lowgazers, qu'on a vendu et revendu sur notre distro aux gens en leur disant "tu ne connais pas mais achète, c'est le truc le plus brutal et le plus sombre que tu puisses trouver".

Les gens qu'on a en potes aujourd'hui, ce sont des gens qu’on respectait déjà avant musicalement. Ca fait qu'il y a aussi un attachement à l'album en soi, comme pour You Fail me de Converge par exemple. Après il y a aussi un attachement du fait qu'on se rappelle du 1er concert et la première tournée qu'on a fait avec Converge, le fait que Jacob nous a aidé avec Deathwish... On a la chance aujourd'hui de pouvoir relier nos icones avec la vie de notre groupe.


En films qui nous ont foutu des claques t’as Dallas Buyers Club par exemple. Sinon il y a les films comme Control ou Alabama Monroe (The Broken Circle Breakdown)... souvent des films musicaux en fait.


Niveau bouquins dernièrement on a décidé de nous rencarder un peu avec tout ce qui touche à l'anarchisme. C'est une pensée dont on pense qu'on est proches mais sans vraiment le savoir parce qu'on est influencés par des gens qui étaient anarchistes. Du coup on lit "L'anthologie de l'anarchisme", et c'est vachement intéressant de voir que l'anarchisme ce n’est pas juste mettre un "A" sur son sac à dos.

- On retrouve l'esprit de communauté, d'autogestion...
Exactement, on retrouve cet esprit de libre pensée, de liberté d'expression. Dernièrement en France par exemple on a eu le débat de la liberté d'expression, débat qui a été complètement été faussé par les émotions des gens; il ne fallait pas bombarder Charlie Hebdo mais par contre il n'y avait aucun souci pour dire aux gens "si t'es par Charlie, tu devrais crever, la gueule ouverte dans le caniveau". Ce sont des thèmes que tu retrouves dans la pensée anarchiste qui sont ultra-intéressantes.
On n’est pas assez calés pour en parler beaucoup encore, mais on apprécie beaucoup lire ce bouquin-là petit à petit. Ça nous fait creuser un peu certains détails, parce que cette "scène" là est basée sur cette pensée. Ce n'est pas que de la musique. C'est aussi un discours aussi à la base qui fait que ça donne un sens à la musique, qui fait qu'on peut jouer une chanson qui va être brutus mais faire pleurer des gens parce que ça va leur faire parler.  Par exemple, pendant le concert d'As We Draw tout à l'heure certains d'entre nous étaient en train de chialer sur un de leurs morceaux parce qu'on voyait nos potes qu'on connait depuis 14 ans. Ce qu'ils racontaient là, c'est exactement ce que certains d'entre nous vivons, on le vit ensemble. Il y a un truc qui est ultra fort dans cette "scène" là qu'il ne faut surtout pas perdre qu'on retrouve dans ce bouquin la si tu veux.

- On éprouve aussi des frissons avec Birds in Row.
Merci beaucoup! C'est l'un des meilleurs compliments que tu puisses faire à un groupe, notamment quand on dit "je ne sais pas de quoi ça parle, mais ça m'a parlé" *rires*. Ça nous est arrivé qu'on nous dise ça. Il y a longtemps, bien avant les évènements récents, on a joué avec un groupe Népalais. (ndlr : il s’agit du groupe Rai Ko Ris). La chanteuse s'est mise à pleurer pendant qu'on jouait, devant nous. Dans les loges on a discuté ensemble et elle nous a parlé de la condition dans laquelle ils vivent au Népal. Il faut savoir que le Punk au Népal, ça n'existe quasiment pas. Du coup ils sont vraiment seuls. Il y a une espèce d'isolement de la population qui est créé par le gouvernement; il y a des histoires d'interdictions de se réunir dans les rues sinon tu te fais défoncer la gueule par la police, des menaces de violences physiques. Quand on lui a demandé pourquoi elle pleurait pendant qu'on jouait, elle expliquait "c'est parce que nous on a cette lutte physique, mais votre musique sent la lutte intérieure et c'est mille fois plus dur." Là, la génération dans laquelle on vit, la génération occidentale, on n’a pas cette lutte, on n'a pas une troisième guerre mondiale à faire, on n'a plus de "vrai" combat physique à vivre. Chez nous en occident c'est vraiment une lutte intérieure de libération de l'être humain, une lutte humaniste quelque part qui est extrêmement violente en fait. Ce sont des remises en cause de tellement de choses que c'est oppressant et du coup ça se ressent dans ce genre de musique là, parce que c'est basé sur ce sentiment-là. C'était vraiment super intéressant, et c'est pour ça que pour nous ça fait partie d'un des meilleurs compliments qu'on puisse nous faire, quand on nous dit "Ca m'a bouleversé", "ça m'a vachement touché de vous voir jouer, je me suis pris une grosse claque" etc... C'est le plus important je pense.

- Merci beaucoup d'avoir pris le temps de parler avec nous!
Merci pour l'inteview!

Interview par Robin Ono
Photos par Rémy Barbe

Encore une fois merci à Birds in Row, à Matthias Jungbluth et à toute l’équipe du fest, sans lequel cette interview n’aurait pas été possible !

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